footer

Du mercredi 31 janvier au jeudi 1 février 2024
BRUZ, France
Carrefour des Gestions Locales de l'Eau 2024 LE RENDEZ-VOUS ANNUEL INCONTOURNABLE DES ACTEURS DE L'EAU, AU PARC DES EXPOSITIONS DE RENNES : prochaine édition, 22 & 23 JANVIER 2025 !

Interview de Martin GUTTON

Pour le 25e Carrefour de l’eau

 3 questions à Martin GUTTON, directeur général de l’agence de l’eau Loire-Bretagne

L’actualité autour de l’eau est plus forte que jamais depuis les sécheresses de 2022 et à cause des effets du dérèglement climatique. Quels sont les problèmes que vous rencontrez et quels sont les territoires en tension sur votre bassin ?

En 2022, certains de nos territoires ont souffert plus que d’autres du manque d’eau et cela a pu se prolonger en 2023 : c’est le cas du Massif central, du Limousin ou même de la Bretagne centrale. Ces situations de tension ont révélé localement une organisation insuffisante des services d’eau.

La mise en lumière de la vulnérabilité de ce patrimoine commun que constitue l’eau, alors que nous l’assimilions à une ressource illimitée, a accéléré les annonces du Plan eau gouvernemental le 30 mars 2023 par le Président de la République. A l’instar de ce Plan eau, l’agence de l’eau a décliné sur son bassin un plan de résilience construit sur trois axes : organiser la sobriété, optimiser la disponibilité, préserver la qualité. Et ce, dans une logique de décentralisation et de co-construction avec les acteurs des territoires.

Il ne s’agit pas uniquement d’une question quantitative : permettre aux territoires d’être plus résilients face au dérèglement climatique, c’est intervenir sur tous les volets de la gestion et du partage de l’eau, dans une vision systémique (connaitre l’état de la ressource, planifier des usages, préserver et restaurer le grand cycle de l’eau). C’est se donner les moyens et conforter la gouvernance pour ce faire. Une meilleure structuration des compétences est le premier levier d’action accompagné par l’agence de l’eau. Enfin, on ne peut ignorer la question des moyens financiers. Face aux immenses besoins des collectivités et des acteurs économiques pour développer la sobriété et améliorer la qualité de la ressource, les moyens des agences de l’eau doivent s’accroître. Ce qui signifie une fiscalité accrue, une évolution des redevances sur l’eau, et ce, pour tous les acteurs, selon les arbitrages que rendront les instances de bassin. Le dossier de l’eau est redevenu un dossier politique majeur face au défi du dérèglement climatique.

 

Vous annoncez avoir accordé en 2023 plus de 436 millions d’euros d’aides à de nombreux porteurs de projets. Quels sont-ils et pouvez-vous donner quelques exemples concrets ?

L’agence de l’eau Loire-Bretagne accompagne financièrement et techniquement les acteurs de l’eau sur les projets qui visent à améliorer la qualité de l’eau et ses usages. Les enjeux sont multiples et variables selon les territoires. L’objectif pour l’agence est d’agir aux côtés des porteurs de projets, au plus près des territoires et dans une vision partagée des enjeux.

Avec 161 contrats territoriaux en cours et 17 accords de résilience signés en 2023, l'agence de l'eau confirme l'indispensable ancrage territorial des politiques de l'eau qu’elle soutient. Le volume total d’aides correspond à plus de 3000 projets soutenus l’année dernière. Connaissance des milieux, lutte contre les pollutions, notamment agricoles et industrielles, amélioration des réseaux d’assainissement et sécurisation de l’eau potable, économies d’eau, préservation des milieux aquatiques et du littoral, animation des politiques de l’eau, sensibilisation des publics, solidarité internationale…les sujets sont nombreux et bien souvent connectés.

Ce sont, par exemple, des canalisations renouvelées pour limiter les volumes de fuite sur les réseaux d’eau potable des collectivités, des rénovations de stations d’épuration et des réseaux d’assainissement pour améliorer le traitement des eaux usées et protéger les milieux. Mais aussi des travaux de restauration des cours d’eau, des mesures-agroenvironnementales et climatiques pour accompagner le monde agricole, des travaux de protection des captages prioritaires, des études financées pour mieux connaître les évolutions à venir sur les milieux via les études HMUC (Hydrologie, milieux, usages, climat) ou encore des évolutions de process industriels pour limiter les consommations d’eau qui ont pu être financées via les redevances perçues sur le bassin et accompagnées par les équipes de l’agence. Plus que jamais, il faut mobiliser, afin d’accélérer encore notre engagement.

 

 Trois nouveaux appels à projets liés à votre plan de résilience sont annoncés pour le premier semestre 2024. Pouvez-vous nous les décrire et à qui sont-ils destinés ?

L'agence de l'eau Loire-Bretagne poursuit la mise en œuvre de son plan de résilience initié en 2023. Du 1er janvier au 30 juin 2024, trois appels à projets sont ouverts, avec des taux d'aides exceptionnels, pour aider les porteurs de projet à agir plus vite et plus fort face aux effets du dérèglement climatique sur l'eau.

Un premier appel à projet propose d’accompagner « la renaturation des villes et des villages ». En effet, les zones urbaines, densément construites et/ou imperméabilisées (agglomérations, zones d’activités et même cœurs de villages), sont parmi les plus vulnérables face aux effets du changement climatique que ce soit à l’occasion d’épisodes de canicules, sécheresses ou a contrario de pluies intenses génératrices d’inondations. L’enjeu est donc aujourd’hui d’intégrer la nature dans ces zones minérales, une végétation capable de concourir à la reconquête du bon état des masses d’eau, de participer à la résilience face aux effets du changement climatique et de favoriser le développement de la biodiversité. Cet appel à projet est ouvert aux maîtres d’ouvrage publics et privés.


Un deuxième appel à projet porte sur « la sobriété des usages ». Il s’adresse aux collectivités et aux acteurs économiques non agricoles pour réduire leurs consommations en eau et être moins dépendants de l’eau. Enfin, l’appel à projet « remplacement des conduites d’eau potable fuyardes » est proposé aux communes, aux EPCI, aux opérateurs économiques titulaires de contrats de cession. Il vise aussi à réduire de 1,5 million de m3 les fuites d’eau et à soulager les prélèvements sur la ressource qui devient plus rare. Rendez-vous sur le site « Aides et redevances » de l’agence pour retrouver les informations et déposer un dossier de candidatures.

Propos recueillis par Julien MARIE