Edito de François VASQUEZ
Vice-Président de Montpellier Méditerranée Métropole Délégué à la collecte, tri, valorisation des déchets et stratégie zéro déchet
NEW WASTE PARADIGME
Quelle vision du monde avons-nous, voulons-nous pour nos déchets ?
Thomas KUHN définit que les sciences évoluent dans un cadre de pensée appelé paradigme.
Lorsque des anomalies contredisent ce cadre, c’est que le temps du paradigme est révolu.
Dans le référentiel actuel des déchets, seule préside encore l’élimination des ordures le plus loin possible des regards et des consciences.
La pertinence économique et écologique n’en définit aucunement le cadre.
Nous sommes en crise et nous nommons mal les choses.
L’élaboration d’un nouveau paradigme devient impérieuse, il proposera une vision radicalement différente, inconciliable avec celle du passé.
Il faut en convenir, l’appréhension du traitement des déchets par des outils industriels en aval (incinération, filières CSR, TMB, décharges…) avec des tonnages massifs, fait partie de l’ancien monde et est vouée par les problèmes de ressources, de réchauffement climatique, d’économie des collectivités, d’écologie au sens large à décroitre fortement pour tendre à disparaitre.
La valorisation énergétique, au sens large, sur ordures ménagères, représente une anomalie et entre en contradiction avec le nouveau cadre de pensée.
Le stockage pourra être envisagé (strictement sans fermentescibles) notamment pour les plastiques « inévitables » comme futurs gisements de polymères usagés.
Le nouveau paradigme est basé sur :
- Un transfert massif des moyens économiques, des politiques de gestion des déchets des collectivités, de l’aval vers l’amont.
- Le changement de comportement des citoyens comme celui des process industriels,
Ils devront dorénavant agir en amont au stade de la prévention, du tri, de l’éco conception, plutôt qu’en fin de chaine sur l’élimination.
- Une communication, information, sensibilisation de tous les publics par tous les moyens.
- Le développement d’une économie circulaire ambitieuse y est indispensable et favorisera les politiques de formation et d’inclusion.
- Le retour au sol des bio déchets par un compost de qualité, la lutte contre l’usage unique et des plastiques évitables, le ré emploi, la formation aux nouveaux métiers en sont quelques axes.
- Un cadre de gestion territoriale, au-delà des Métropoles et des communautés de communes afin de rechercher une pertinence par les bassins de population. La proximité, la synergie et la coopération en sont les maîtres mots.
Chercheurs(euses) de tous domaines scientifiques (physique- chimie- biologie- sociologie…), politiques, industriels, acteurs(trices) du monde économique, citoyens(ennes) sont appelé(e)s à placer leurs compétences et leurs moyens économiques, à agir, dans le seul paradigme dorénavant viable.