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Du mercredi 7 au vendredi 9 octobre 2020
Massy, France
10e Assises nationales de la biodiversité

Edito de Valérie PECRESSE

Présidente de la Région Ile-de-France

L’Ile-de-France a adopté en novembre 2019 une nouvelle stratégie sur 10 ans pour la biodiversité dans la Région, mobilisant 400 millions d’euros. Quels sont les grands axes de cette stratégie et quels sont les objectifs prévus ? 

La Stratégie Régionale pour la Biodiversité a fait l’objet d’un large travail collaboratif, renforcé par l’apport de nombreux experts dont beaucoup seront présents lors de ces ANB, qui a conduit à retenir 4 orientations cardinales : améliorer la santé et le bien-être de tous les Franciliens grâce à la nature ; faire de la biodiversité un atout économique et une source d’innovation ; placer la biodiversité au cœur de l’aménagement de nos territoires ; et protéger la nature, notre capital commun. Au cœur de cette stratégie régionale, l’objectif ambitieux est de tendre vers une région ZAN, « Zéro Artificialisation nette », en limitant la consommation de terres agricoles et d’espaces de nature, mais aussi en offrant des alternatives pour permettre un développement économe en espace ; c’est là tout l’objet du Plan Friches de la Région Île-de-France lancé au printemps dernier.

La Stratégie Régionale pour la biodiversité se décline en 71 actions concrètes pour le Vivant. Parmi ces actions, je veux citer le programme volontariste de restauration des continuités écologiques, avec le soutien de la création de 500 km de haies et la renaturation de 150 km de berges à l’horizon 2030. Ce programme s’accompagne d’un effort pour réduire la pollution lumineuse et recréer une trame noire, bénéfique aux espèces nocturnes et à la santé humaine.

Nous veillons aussi à favoriser la biodiversité ordinaire en généralisant le « zéro phyto » dans les espaces publics et en améliorant la qualité écologique des espaces verts. Pour faire découvrir cette biodiversité « du quotidien », mais aussi les espaces de nature remarquables, la Région vient de lancer son Portail de l’Environnement, qui constitue une action phare au service de la sensibilisation des Franciliens et que j’avais annoncé lors de ces mêmes assises l’an dernier. Ce Portail est un outil d’information et de connaissances mais aussi de services pour les franciliens et tous les acteurs de l’environnement. Au travers de nombreux challenges, nous sommes accompagnés pour faire évoluer nos comportements, pour à passer à l’action et participer, chacun d’entre nous, à la transformation environnementale de notre région.

 

L’une des orientations majeures de ce programme concerne l’économie. Vous voulez « faire de la biodiversité un atout économique, une source de valeur et d’innovation ». Comment traduire politiquement cette orientation ? Cela signifie-t-il la création de nouvelles entreprises donc de nouveaux emplois ?

Absolument ! Je suis convaincue qu’il ne faut pas renvoyer dos à dos biodiversité et économie et qu’une croissance verte et vertueuse est possible. Ce principe a été au cœur des échanges de la COP Île-de-France, qui ont abouti à 192 propositions pour une relance verte favorable au climat mais aussi à la biodiversité. Notre biodiversité doit être préservée pour sa valeur intrinsèque et son rôle central dans le bon fonctionnement des écosystèmes, mais elle doit aussi être préservée car elle est un enjeu d’attractivité pour sa contribution majeure à la qualité de notre cadre de vie. C’est un moteur pour l’économie francilienne, un support de dynamisme économique avec des filières agricoles, forestières et touristiques investies dans la protection d’un patrimoine naturel dont elles sont tributaires.

N’oublions pas non plus que la biodiversité est aussi un formidable gisement d’innovations et d’activités émergentes dans le domaine des biotechnologies et du biomimétisme, dont les promesses sont immenses. Donc oui, je crois que la préservation du vivant va contribuer à la création d’emplois. Être un vivier d‘entreprises et de start-ups plaçant le combat pour l’environnement au cœur du développement économique est aussi un levier pour faire rayonner notre région.

 

L’Ile-de-France possède nombre de merveilles naturelles. Quelles sont celles que la Région souhaite en priorité protéger et faire découvrir aux Franciliens ?

Notre Région a 80% de son territoire couvert par des milieux agricoles, forestiers et naturels ! Parmi ces merveilles, je pense avant tout aux 4 Parcs naturels régionaux auxquels nous allons adjoindre un 5ème Parc pour couvrir 25 % du territoire francilien, et aux 12 Réserves Naturelles Régionales, véritables écrins de biodiversité, répartis sur l’ensemble de l’Île-de-France. Elles représentent plus de 1 000 hectares de milieux naturels préservés, avec notamment des sites d’intérêt géologique de renommée internationale, comme celui de Vigny-Longuesse (95). Ce sont de précieux réservoirs de biodiversité et elles permettent de faire découvrir le patrimoine naturel au plus grand nombre, grâce à un aménagement adapté et une offre diversifiée d’animations. Je pense que protéger de nouveaux espaces à forte valeur écologique et améliorer notre connaissance du fonctionnement de leur écosystème doit être une priorité. C’est pourquoi, je souhaite qu’il y ait 4 nouvelles réserves naturelles d’ici à 2025.

Je pense également à l’exceptionnel Bois Saint-Martin. Situé aux confins des départements de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne, ses 270 ha boisés sont un biotope extraordinaire que nous allons faire découvrir au public d’ici la fin de l’année, ce dont je me réjouis. C’est à la fois une action sociale, car il s’agit d’une zone carencée en espaces verts, et écologique, car cela va nous permettre de mieux connaitre et mieux protéger la biodiversité et les espaces naturels.